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A Travers Les Dimensions

2 mars 2014

Prologue - Scène 5

Sebastian n'avait aucune idée de ce qu'il venait de déclencher. Il montait lentement les marches de l'escalier de pierre, froid et humide, une torche à la main. Il ne prêtait aucune attention aux peintures et tapisseries qui ornaient les murs, racontant toute l'histoire de ce monde, depuis sa création jusqu'à ce jour du troisième âge. Il grimpa jusqu'au sommet où se trouvaient les items sacrés qu'il devait voler pour le compte des forces ennemies. Il pénétra bientôt dans une pièce circulaire, percée de trois fenêtres ayant chacune posé sur le rebord une espèce de boite en verre contenant un des objets magiques. La première boite, à gauche, contenait une dague à la lame d'acier et à la garde sertie de rubis. On disait que cette dague avait le pouvoir de contrôler les monstres qui protégeaient le royaume, tels que les monstres marins entourant l'île de Mévuire. On disait aussi qu'elle conférait une force surhumaine à celui qui la possédait. Sebastian souleva délicatement le couvercle et le posa sur le rebord de la fenêtre. Il admira longuement l'objet posa sur son socle, la façon dont il avait de refléter la lueur des torches sur les murs, les flammes semblaient danser sur l'acier, les rubis brillaient de milles feux. C'était réellement hypnotisant. Le voleur secoua la tête pour retrouver ces esprits et saisit la garde. Il enveloppe la dague dans un morceau d'étoffe, la fourra dans son sac, puis se dirigea vers le deuxième coffre de verre.

Dans celui ci se trouvait un pendentif en argent gros comme un œuf de caille, ciselé de magnifiques motifs tout en boucles et courbes. Sebastian remarqua des petites charnières sur le coté de l'amulette, il devait certainement y avoir quelque chose à l'intérieur. Les histoires qu'il avait entendu disaient que l'amulette était à l'origine de la barrière invisible qui entourait l'île et qu'elle pouvait former un bouclier autour de la personne qui la portait. Il s'en empara délicatement et la mis dans son sac avant de se diriger vers la dernière boite.

Celle ci contenait une simple petite clé en cuivre, telle celle qu'il utilisait pour son coffre à matériel de pêche. Il ne pouvait croire que cette chose insignifiante ait un quelconque pouvoir. C'est alors qu'il se souvint que la clé seule ne servait à rien. Elle permettait d'ouvrir un coffre. Ce même coffre qui se trouvait au centre de la pièce. Après avoir récupéré la clé dans la boite de verre, il marcha vers la colonne de pierre au centre de la salle. Dessus, posé sur un morceau de soie blanche, se trouvait le coffret de bois. On l'appelait le Coffre du Savoir, car il était censé contenir tout le savoir du monde, tout depuis l'histoire de la création du monde jusqu'aux plus complexes formules magiques. Sebastian se demandait bien comment une telle quantité de savoir pouvait entrer dans un si petit coffre, il pouvait le tenir dans ses mains et était juste un peu plus gros que la boite à bijoux de sa femme.

Soudain, il entendit du bruit au dehors, le bruit sec et métallique des bottes d'acier martelant le pavé. Il se précipita à une fenêtre pour apercevoir des hommes en armures s’engouffrer dans la tour. L'alerte avait été donné. Il lui fallait se dépêcher. Il posa un genou à terre, fouilla dans son sac pour en sortir la petite bourse contenant la poudre magique de Vrol, et cala le Coffre du Savoir dans le creux de son bras. Une fois la bourse de cuir dans sa main, il dénoua le lacet de cuir et la jeta violemment contre le mur opposé. La poudre se répandit sur le mur et ce fut comme si la pierre se dissolvait pour laisser apparaître une sombre ruelle au sol pavé recouvert de neige. Il saisit son sac et se retourna l'espace d'une seconde, juste pour voir les premiers soldats entrer dans la salle. Il se précipita vers le portail magique, mais un des soldats avait déjà lancé sa dague sur le voleur. Sebastian fut frappé de plein fouet dans le dos, l'arme s’enfonçant profondément dans sa chair. Sous le choc, il trébucha et lâcha les fruits de ses rapines qui, emportés par l'élan, allèrent finir leur course à travers le portail. La dernière chose que le voleur vu avant de mourir fut son sac et le Coffre atterrir sur la neige de l'autre coté. Un des soldats courra vers le mur, passa le bras à travers le portail magique pour récupérer les objets volés mais il était trop tard et le passage se referma, coupant net le bras de l'homme qui se roulait maintenant sur le sol, hurlant de douleur et agrippant son membre mutilé. C'est à ce moment que la reine Hania entra dans le donjon pour découvrir avec horreur ce qu'il venait de se passer.

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2 mars 2014

Prologue - Scène 4

À l'instant même où son sortilège de protection fut détruit, Hania se réveilla en sursaut, le front ruisselant de sueur, dans la chambre de son palais au cœur de Petrichor, la capitale. Quelqu'un avait vaincu sa magie. Quelqu'un s’était introduit dans la tour de Mévuire. Comment était ce possible ? Elle se leva précipitamment, enfila un peignoir de soie, attrapa son sceptre, et se rendit rapidement dans la salle du trône. C’était une longue salle, de forme ovale et aux proportions grandioses, dont les tapisseries ornant les murs racontaient l'histoire du royaume d'Ortendre, sa création par la déesse Isildel, la guerre, la Scission. À l'autre extrémité se trouvait le trône, un monument de marbre blanc décoré de soieries rouges, couleur de la reine Hania. En tant que représentante de la déesse sur terre, et comme toutes les personnes destinées à servir directement la déesse, elle avait les cheveux et les yeux rouges sombres, qui brillaient vivement lorsqu'elle utilisait ses pouvoirs.

Hania se dirigea à grands pas vers la droite de son trône et agita son long sceptre. Un miroir apparut soudainement de nul part. Elle se plaça en face et en toucha doucement la surface. Celle ci se mit à onduler, comme si elle était faite de liquide. Alors que les ondes s’élargissaient, Hania noua ses longs cheveux à la mode officielle, relevés en un haut chignon dont quelques mèches rebelles s’échappaient. La surface du miroir se stabilisa, laissant apparaître la silhouette d'un homme en armure. Il portait également un casque, mais on ne pouvait ignorer ses yeux bleus clairs étincelants. Sur la poitrine, au niveau du cœur, se trouvait la gravure d'une énorme clé ouvragée, symbole de l'Organisation, la base des forces militaires et magiques du royaume.

« - Grégor, merci d'avoir répondu si vite à mon appel.

- Ma Reine, je suis à votre service, répondit l'homme en armure.

- Il faut que je parle à Siegfried, tout de suite, pressa Hania.

- Je vais de ce pas chercher le capitaine, ma Reine, dit le soldat en s'inclinant. »

L'homme disparut du miroir dont la surface se remit à onduler. Quelques instants plus tard, un autre homme en armure apparut. Il était blond, les cheveux courts, les yeux sombres et profonds. Son visage était entrecoupé de cicatrices, et il était visiblement de mauvaise humeur.

« - Ma Reine, commença-t-il en s'inclinant, je doute qu'il ne s'agisse là d'une bonne nouvelle, pour que vous me fassiez tirer du lit à 2 heures du matin.

- Je suis navrée de troubler votre repos, cher capitaine Siegfried, mais j'ai besoin que vous envoyez une troupe au donjon de Mévuire, immédiatement.

- Ma Reine, cela est impo...

- Quelqu'un s'est introduit dans la tour, le coupa-t-elle aussitôt. Ceci n'a rien d'une blague ou d'un caprice ou d'un mauvais rêve, la situation est grave ! Mon sortilège de verrouillage a été détruit, sa magie m'est revenue il y a à peine dix minutes. Je vous en conjure, Siegfried, envoyez vos meilleurs membres sur place.

- Ma Reine, je le ferais si cela m’était possible. Malheureusement, je n'ai que des apprentis à ma disposition, actuellement. Tous les membres matures sont en mission. Je peux les contacter mais ils ne seront jamais de retour à temps. »

Il avait raison, bien sûr. Depuis la guerre, il ne restait que très peu de membres matures, capables de contrôler pleinement l'étendue de leur pouvoir. Tellement étaient tombés sous les feux ennemis. Depuis la Scission, on avait recruté tous les candidats portant la marque de l'Organisation, mais l'apprentissage était si long que la prochaine génération de membres matures ne sortirait pas avant 5 ans. C'était vraiment un mauvais moment pour une attaque. Et elle ne pouvait envoyer des apprentis, ou de simples soldats à Mévuire. La personne qui s'était introduite dans la tour avait détruit son sortilège, il ne pouvait s'agir que d'un puissant mage. Le temps manquait, il lui fallait prendre une décision.

« - Capitaine, reprit-elle, envoyez moi un groupe de vos apprentis les plus matures, en soutient. J'irais à Mévuire moi même.

- Ma Reine, je ne peux accepter cela ! s'exclama le capitaine, les yeux écarquillés.

- Nous n'avons pas le choix, l'affaire est trop grave et nous devons agir vite. Je compte sur vous.

- Ma Reine, envoyez plutôt des sold... »

Hania ne lui laissa pas le temps de répondre et toucha à nouveau le miroir, coupant ainsi la connexion. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'était pas sortie du château. Elle ne put réprimer un frisson d'excitation à la pensée de quitter Petrichor et d'entrer en action après tant d'années.

8 février 2014

Prologue - Scène 3

C'est ainsi que Sebastian se retrouva au pied du donjon de Mévuire, sur le point d'accomplir un acte de haute trahison envers sa reine et sa déesse. Vrol lui avait remis un parchemin magique pour neutraliser le sortilège de protection ainsi qu'une petite bourse en cuir contenant de la poudre de rue. Le sorcier lui avait expliqué qu'en jetant une poignée de poudre sur un mur, cela ouvrait un portail sur n'importe quelle rue, il suffisait d'y penser très fort.

Personne de gardait l'entrée de la tour. La reine Hania n'avait jamais estimé cela nécessaire puisque les forces ennemies ne pouvaient passer la barrière invisible, et personne n'oserait trahir la déesse, elle était tout sauf magnanime. Voilà leurs grandes faiblesses à chacune. Hania avait confiance en ses sujets, et la déesse Isildel régnait par la crainte, mais peu nombreux étaient ceux qui le savaient. Pas un soldat au pied de la tour. Et pas un membre de l'Organisation ne se trouvait sur l'île. Le siège se trouvait sur le continent, à Petrichor, la capitale d'Ortendre, et la majorité des membres étaient en mission aux quatre coins du royaume. De toute façon, ils n’étaient plus aussi nombreux, la guerre avait décimé les troupes.

Sebastian grimpa les marches jusqu'à une lourde porte en chêne, tout en faisant bien attention à ne pas se faire voir par quelque promeneur nocturne. Le sortilège de protection se trouvait sur la porte. Il s'agissait d'un puissant sort de verrouillage. Grâce à la magie que Vrol lui avait injecté, il était capable de « voir » le sortilège. Une espèce de halo tremblotant et orange entourait la serrure, tel la lueur d'une bougie. Ne pouvant résister à la tentation, il avança la main pour toucher le halo de fumée, mais la retira vivement. Comme une bougie, la lumière était brûlante. Reprenant ses esprits, Sebastian posa un genou à terre, caché dans l'ombre d'une colonne, et fouilla dans son sac pour en retirer le parchemin magique du sorcier. Le pêcheur, déroulant le morceau entre ses mains, l'observa plus attentivement. Ce qu'il avait pris pour un vieux morceau de papier était en fait un morceau de peau aux contours brûlés et noirs. Étrangement, il était vierge. Aucune inscription d’aucune sorte. Se pourrait-il que le sorcier se soit trompé ? Non, cette occasion de s'introduire dans le donjon était bien trop belle pour être gâchée par une terrible faute d'inattention.

Sebastian se releva, serrant le morceau de cuir entre ses mains, et l'approcha du sortilège de verrouillage. Lorsque le parchemin fut à moins de deux centimètres de la serrure, il le sentit trembler entre ses mains, comme s'il répondait à la magie orange, et se mit à briller. Ainsi, le cuir lui même était imprégné de magie. L'approchant encore, le parchemin recouvrit la serrure et des inscriptions apparurent. Elles étaient incompréhensibles, comme des lignes tracées au hasard. De couleur argent, elles partaient du centre et s'allongeaient lentement pour atteindre les bords. Mais de nouvelles lignes apparurent sur les contours du cuir, de couleur orange cette fois, comme le halo magique protégeant la serrure. Sebastian assistait au combat entre la magie de Vrol et la magie de la Reine Hania. Il resta béa d’étonnement, ne sachant que faire, et partagé entre la peur d’échouer et la joie de voir la magie de sa reine en action, déjouant les plans diaboliques des forces ennemies. Les lignes commencèrent à se connecter, à s’entremêler, mais la magie de l'horrible sorcier était puissante et gagnait du terrain, changeant les lignes oranges en lignes argentées, et bientôt il ne resta plus rien de la magie de la Reine Hania. Le parchemin, maculé de lignes argentées, tomba à terre. Vrol avait gagné cette bataille et Sebastian pouvait continuer sa sombre tache. Il ramassa le morceau de peau, le fourra dans son sac, et poussa la lourde porte de chêne.

26 octobre 2013

Prologue - Scène 2

Sebastian était un pauvre pêcheur du village Clairoc. Il était plutôt malchanceux et avait du mal à gagner l’argent nécessaire pour subvenir aux besoins de sa femme et de leurs deux enfants. Quelques jours auparavant, toujours aussi peu aidé par la déesse, il décida de pousser sa chance et de trouver un coin de pêche plus prolifique. Malheureusement, il n’avait pas prêté attention aux vibrations de l’insigne de marchand en cuir autour de son cou, et il était sorti de l’enceinte du bouclier protecteur qui rendait l’île invisible aux yeux de l’ennemi. Le royaume d’Ortendre était en guerre avec le royaume de Hombor depuis de nombreuses années, avant la Scission, et tout le monde savait que le roi Adrian était bien décidé à continuer l’œuvre de son père, Melerian : conquérir les terres libres et accéder au pouvoir. Pour protéger Ortendre, la déesse Isildel avait créé l’île de Mévuire et son donjon pour y abriter des objets magiques extrêmement puissants, imprégnés de sa propre force vitale. Et c’était précisément ces objets dont voulait s’emparer Adrian, pour les corrompre et les retourner contre leur créatrice afin de s’emparer du pouvoir.

Sebastian, hors de la barrière protectrice, fut rapidement repéré par les patrouilles de Hombor. Il était trop tard pour fuir, et il ne pouvait se résoudre à se jeter à la mer. Il espérait secrètement être tué rapidement, mais il n’en fut rien. Il fut conduit dans un campement, sur une petite île volcanique, et on le garda prisonnier pendant deux jours. La deuxième nuit arriva un homme vêtu d’une longue cape noire aux bordures blanches salie par un long voyage. Sebastian ne pouvait distinguer clairement son visage, car l’homme portait une ample capuche, mais son horrible sourire, découvrant des dents noircies, ne valait rien de bon. L’homme s’assit face à la cage et parla.

« - Salutations, pêcheur. Mon nom est Vrol, sorcier au service de sa majesté Adrian. On peut dire que tu t’es fait attendre. Cela fait des mois que nous surveillons ce coin, dans l’espoir qu’un imbécile dépasse ce maudit bouclier invisible. Enfin, maintenant que nous t’avons, nous allons pouvoir commencer le travail. J’ai donc un marché à te proposer...

- Il est hors de question que je fasse quoi que ce soit ! Jamais je ne trahirai ma reine ! cria Sebastian, du fond de sa cage.

- Ai-je omis le fait que tu n’aies pas le choix ? Vois-tu, nous savons qui tu es, nous savons pour ta famille. Si tu nous aides, il te sera offert beaucoup d’argent, et tu auras la protection accordée à tous les sujets du roi Adrian. Mais si tu refuses, tu mourras, et je tiens à t’assurer que ta famille te rejoindra, après avoir subi les pires tortures" annonça Vrol calmement. Sebastian, tremblant, avait les yeux rivés sur le sourire aux dents pourries. Il essaya rapidement d’évaluer sa situation. Il n’avait guère beaucoup d’options. Ce n’était pas un guerrier, il serait incapable de lutter avec les gardes et s’enfuir. Il n’avait de plus rien sur lui qui lui permette de se battre, ou même de se tuer. Il ne voyait plus qu’une solution... Il lui fallait accepter le marché. Après tout, qu’est ce qui l’empêchait de prévenir la garde et la Reine de ce qu’on lui avait demandé de faire. Vrol ne pouvait contrôler ses mouvements. L’espace d’un instant, il se trouva terriblement naïf, mais c’était là le seul choix possible.

« - Que voulez-vous ? Qu’attendez-vous de moi ? demanda-t-il, essayant de maîtriser le tremblement dans sa voix.

- C’est très simple. Nous voulons que tu t’introduises dans le donjon et que tu nous rapportes les trois objets sacrés, ainsi que le coffre du savoir, bien évidemment.

- Pourquoi avez-vous besoin de moi ? Ne pouvez-vous pas envoyer un de vos soldats ?

- Es-tu ignorant à ce point ? s’étonna Vrol. Ne sais-tu donc pas comment fonctionne la magie de ta Déesse ? Eh bien, laisse moi t’éduquer. Non, nous ne pouvons pas envoyer un de nos hommes. Vois-tu, afin de passer à travers la barrière invisible, il faut un de ces insignes de cuir, tel que celui que tu portes à ton cou. Ils contiennent une magie qui permet de traverser la protection et mon maître, aussi puissant soit-il, est incapable de la reproduire.

- Alors prenez le ! Et relâchez moi ! supplia Sebastian. Il était lâche, il se dégoûtait lui même.

- Ce n'est malheureusement pas aussi simple. Chaque médaillon est unique et personnel, il possède la signature énergétique du porteur. Si on porte un médaillon qui ne nous est propre, la barrière ne s'ouvre pas. Tu comprends ? Nous avons besoin de toi ET de ton médaillon. »

Sebastian n'avait pas idée de la complexité de ces protections magiques. Il prenait tout ça pour acquis. Et maintenant l'ennemi se moquait de son ignorance. Il était rongé par la peur, le désespoir et la honte, mais il se résigna.

« - Il y a sûrement des gardes et des protections magiques dans la tour. Je suis né Commun, je n'ai aucune magie, comment suis-je censé réussir ?

- Je te fournirai deux trois choses de mon cru. Mais n'ai crainte, nous savons que la tour n'est gardée que par un sortilège, tu ne croiseras aucun membre de l'Organisation. Il te suffira de lever le sortilège, de t'emparer des objets et de t'enfuir en utilisant une poudre de ma création. C'est quasiment sans risque. » assura Vrol en souriant.

Sebastian trouvait tout cela trop facile, il y avait forcément un piège. Comment cet horrible sorcier pouvait être si sûr qu'il n'irait pas prévenir la reine Hania ? La réponse ne se fit pas attendre.

« - Bien ! annonça Vrol en claquant ses mains sur ses cuisses. Puisque tu sais tout de ta mission, il ne reste qu'un petit détail, dit-il en se levant et en farfouillant sous sa cape.

- De quoi s'agit-il ? s'inquiéta Sebastian.

- Juste d'une assurance que tu n'iras pas nous trahir à la première occasion, dit Vrol en sortant une espèce de dague d'une poche de sa cape. La lame était assez longue et scintillait à la lumière des bougies. Sebastian pouvait distinguer des inscriptions étranges qui décoraient l'acier, mais il n'arrivait pas à en distinguer le dialecte. Tends la main, ordonna Vrol. »

Tout espoir d'avertir la reine venait donc de disparaître. En serrant les dents à l'idée de ce qui l'attendait, Sebastian tendit sa main gauche. Vrol la saisit rapidement et la tourna de façon à la présenter paume vers le ciel. Il tenait le poignard dans son autre main et l'amena tout contre ses lèvres. Il marmonna quelques formules dans une langue mystérieuse et Sebastian vit la lame devenir floue et brillante. On aurait dit qu'elle absorbait toute la lumière de la pièce, tandis qu'un vent violent la déformait, mais il n'y avait même pas un souffle d'air. Les incantations de Vrol se firent de plus en plus nettes, plus sonores. Il leva doucement le poignard au dessus de sa tête. Sebastian tenta vainement de retirer sa main mais le sorcier la maintenait avec une force hors du commun. Vrol se tut subitement et apposa la lame sur la paume du pêcheur. Mais il ne coupa pas, il posa juste la lame à plat sur la peau. Soupirant de soulagement, Sebastian ne vit même pas la fumée nauséabonde qui s'élevait de sa main. Après quelques secondes, il se rendit compte que la lame lui brûlait la peau, mais il y avait plus inquiétant. C'était comme si la lumière qu'elle avait absorbée se déversait en lui, atteignant tout ses organes. Il sentit son cerveau irradier d'une lumière rougeâtre et une terrible douleur lui battit les tempes. La magie s'était emparée de son corps, et cela n’annonçait rien de bon, au contraire. Sebastian, étant né Commun, ne possédait pas le gêne permettant de contrôler l'énergie magique. À moins que Vrol n'inverse le sort et reprenne cette magie, il était condamné. Il en avait entendu parler. Les sorciers de Melerian se débarrassaient des Communs de cette façon, ils les laissaient brûler à petit feu.

« - Je vais mourir... Vous m'assassinez ! Vous avez menti ! Vous aviez dit que si je vous aidais, je serais sous votre protection ! cria Sebastian en se retranchant au fond de sa cage.

- Cesse donc de t'agiter, dit Vrol sur un ton impatient. Cette magie mettra des jours à te consumer. Mais si tu reviens victorieux de ta mission, je te jure d'inverser le processus... ou du moins de le stopper. Je ne peux te garantir que tu n'auras pas de séquelles. En tout cas, si tu désires vivre, tu devras obéir sans discuter, je suis le seul à pouvoir reprendre ce que je t'ai donné.

- Je n'ai pas le choix... Je n'ai pas le choix... murmurait le pauvre pêcheur. »

Il sentait déjà la magie s'insinuer dans toutes les cellules de son corps, sa température augmentait, des gouttes de sueur perlaient sur son front, il tremblait de tous ses membres en tenant sa main blessée. La brûlure dans sa paume était lumineuse mais sa brillance diminuait à mesure que l'énergie passait dans son système, jusqu'à ce que le processus prenne fin, laissant une cicatrice rouge au creux de sa main.

26 octobre 2013

Prologue - Scène 1

La nuit était tombée sur l’île de Mévuire, avant poste du royaume d’Ortendre depuis la Scission. Au sommet du donjon, une douce lumière irradiait sous un ciel étoilé. La nuit était claire, cela allait grandement faciliter la tâche de Sebastian. Le pêcheur accosta au port et paya le montant réglementaire tout en montrant son insigne officiel de marchand au soldat en poste sur le quai. Il rechigna un instant à signer le registre. Et s’ils s’en prenaient à sa famille pour avoir des informations ? Mais il avait confiance en la reine Hania. Elle saurait qu’il n’avait pas eu le choix et les épargnerait. Une fois passées ces formalités, il fourra son insigne de cuir dans son sac et partit à travers les ruelles sombres en direction du donjon. Il avait envisagé de s’arrêter dans son village, rassurer sa femme et ses enfants. Il avait été porté disparu en mer quelques jours auparavant, sa famille devait être morte d’inquiétude. Mais la douleur lancinante dans la paume de sa main gauche lui rappela les terribles paroles du sorcier. Il lui avait dit qu’ils étaient liés et qu’il le saurait s’il venait à trahir son nouveau maître. Apporter le malheur sur sa famille était la dernière chose que voulait Sebastian. Il inspira profondément, regarda l’horrible cicatrice en forme de croix au creux de sa main, et continua sa route tout en repensant à ce terrible destin, aux circonstances qui l’avaient conduites à trahir sa reine.

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