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A Travers Les Dimensions
26 octobre 2013

Prologue - Scène 2

Sebastian était un pauvre pêcheur du village Clairoc. Il était plutôt malchanceux et avait du mal à gagner l’argent nécessaire pour subvenir aux besoins de sa femme et de leurs deux enfants. Quelques jours auparavant, toujours aussi peu aidé par la déesse, il décida de pousser sa chance et de trouver un coin de pêche plus prolifique. Malheureusement, il n’avait pas prêté attention aux vibrations de l’insigne de marchand en cuir autour de son cou, et il était sorti de l’enceinte du bouclier protecteur qui rendait l’île invisible aux yeux de l’ennemi. Le royaume d’Ortendre était en guerre avec le royaume de Hombor depuis de nombreuses années, avant la Scission, et tout le monde savait que le roi Adrian était bien décidé à continuer l’œuvre de son père, Melerian : conquérir les terres libres et accéder au pouvoir. Pour protéger Ortendre, la déesse Isildel avait créé l’île de Mévuire et son donjon pour y abriter des objets magiques extrêmement puissants, imprégnés de sa propre force vitale. Et c’était précisément ces objets dont voulait s’emparer Adrian, pour les corrompre et les retourner contre leur créatrice afin de s’emparer du pouvoir.

Sebastian, hors de la barrière protectrice, fut rapidement repéré par les patrouilles de Hombor. Il était trop tard pour fuir, et il ne pouvait se résoudre à se jeter à la mer. Il espérait secrètement être tué rapidement, mais il n’en fut rien. Il fut conduit dans un campement, sur une petite île volcanique, et on le garda prisonnier pendant deux jours. La deuxième nuit arriva un homme vêtu d’une longue cape noire aux bordures blanches salie par un long voyage. Sebastian ne pouvait distinguer clairement son visage, car l’homme portait une ample capuche, mais son horrible sourire, découvrant des dents noircies, ne valait rien de bon. L’homme s’assit face à la cage et parla.

« - Salutations, pêcheur. Mon nom est Vrol, sorcier au service de sa majesté Adrian. On peut dire que tu t’es fait attendre. Cela fait des mois que nous surveillons ce coin, dans l’espoir qu’un imbécile dépasse ce maudit bouclier invisible. Enfin, maintenant que nous t’avons, nous allons pouvoir commencer le travail. J’ai donc un marché à te proposer...

- Il est hors de question que je fasse quoi que ce soit ! Jamais je ne trahirai ma reine ! cria Sebastian, du fond de sa cage.

- Ai-je omis le fait que tu n’aies pas le choix ? Vois-tu, nous savons qui tu es, nous savons pour ta famille. Si tu nous aides, il te sera offert beaucoup d’argent, et tu auras la protection accordée à tous les sujets du roi Adrian. Mais si tu refuses, tu mourras, et je tiens à t’assurer que ta famille te rejoindra, après avoir subi les pires tortures" annonça Vrol calmement. Sebastian, tremblant, avait les yeux rivés sur le sourire aux dents pourries. Il essaya rapidement d’évaluer sa situation. Il n’avait guère beaucoup d’options. Ce n’était pas un guerrier, il serait incapable de lutter avec les gardes et s’enfuir. Il n’avait de plus rien sur lui qui lui permette de se battre, ou même de se tuer. Il ne voyait plus qu’une solution... Il lui fallait accepter le marché. Après tout, qu’est ce qui l’empêchait de prévenir la garde et la Reine de ce qu’on lui avait demandé de faire. Vrol ne pouvait contrôler ses mouvements. L’espace d’un instant, il se trouva terriblement naïf, mais c’était là le seul choix possible.

« - Que voulez-vous ? Qu’attendez-vous de moi ? demanda-t-il, essayant de maîtriser le tremblement dans sa voix.

- C’est très simple. Nous voulons que tu t’introduises dans le donjon et que tu nous rapportes les trois objets sacrés, ainsi que le coffre du savoir, bien évidemment.

- Pourquoi avez-vous besoin de moi ? Ne pouvez-vous pas envoyer un de vos soldats ?

- Es-tu ignorant à ce point ? s’étonna Vrol. Ne sais-tu donc pas comment fonctionne la magie de ta Déesse ? Eh bien, laisse moi t’éduquer. Non, nous ne pouvons pas envoyer un de nos hommes. Vois-tu, afin de passer à travers la barrière invisible, il faut un de ces insignes de cuir, tel que celui que tu portes à ton cou. Ils contiennent une magie qui permet de traverser la protection et mon maître, aussi puissant soit-il, est incapable de la reproduire.

- Alors prenez le ! Et relâchez moi ! supplia Sebastian. Il était lâche, il se dégoûtait lui même.

- Ce n'est malheureusement pas aussi simple. Chaque médaillon est unique et personnel, il possède la signature énergétique du porteur. Si on porte un médaillon qui ne nous est propre, la barrière ne s'ouvre pas. Tu comprends ? Nous avons besoin de toi ET de ton médaillon. »

Sebastian n'avait pas idée de la complexité de ces protections magiques. Il prenait tout ça pour acquis. Et maintenant l'ennemi se moquait de son ignorance. Il était rongé par la peur, le désespoir et la honte, mais il se résigna.

« - Il y a sûrement des gardes et des protections magiques dans la tour. Je suis né Commun, je n'ai aucune magie, comment suis-je censé réussir ?

- Je te fournirai deux trois choses de mon cru. Mais n'ai crainte, nous savons que la tour n'est gardée que par un sortilège, tu ne croiseras aucun membre de l'Organisation. Il te suffira de lever le sortilège, de t'emparer des objets et de t'enfuir en utilisant une poudre de ma création. C'est quasiment sans risque. » assura Vrol en souriant.

Sebastian trouvait tout cela trop facile, il y avait forcément un piège. Comment cet horrible sorcier pouvait être si sûr qu'il n'irait pas prévenir la reine Hania ? La réponse ne se fit pas attendre.

« - Bien ! annonça Vrol en claquant ses mains sur ses cuisses. Puisque tu sais tout de ta mission, il ne reste qu'un petit détail, dit-il en se levant et en farfouillant sous sa cape.

- De quoi s'agit-il ? s'inquiéta Sebastian.

- Juste d'une assurance que tu n'iras pas nous trahir à la première occasion, dit Vrol en sortant une espèce de dague d'une poche de sa cape. La lame était assez longue et scintillait à la lumière des bougies. Sebastian pouvait distinguer des inscriptions étranges qui décoraient l'acier, mais il n'arrivait pas à en distinguer le dialecte. Tends la main, ordonna Vrol. »

Tout espoir d'avertir la reine venait donc de disparaître. En serrant les dents à l'idée de ce qui l'attendait, Sebastian tendit sa main gauche. Vrol la saisit rapidement et la tourna de façon à la présenter paume vers le ciel. Il tenait le poignard dans son autre main et l'amena tout contre ses lèvres. Il marmonna quelques formules dans une langue mystérieuse et Sebastian vit la lame devenir floue et brillante. On aurait dit qu'elle absorbait toute la lumière de la pièce, tandis qu'un vent violent la déformait, mais il n'y avait même pas un souffle d'air. Les incantations de Vrol se firent de plus en plus nettes, plus sonores. Il leva doucement le poignard au dessus de sa tête. Sebastian tenta vainement de retirer sa main mais le sorcier la maintenait avec une force hors du commun. Vrol se tut subitement et apposa la lame sur la paume du pêcheur. Mais il ne coupa pas, il posa juste la lame à plat sur la peau. Soupirant de soulagement, Sebastian ne vit même pas la fumée nauséabonde qui s'élevait de sa main. Après quelques secondes, il se rendit compte que la lame lui brûlait la peau, mais il y avait plus inquiétant. C'était comme si la lumière qu'elle avait absorbée se déversait en lui, atteignant tout ses organes. Il sentit son cerveau irradier d'une lumière rougeâtre et une terrible douleur lui battit les tempes. La magie s'était emparée de son corps, et cela n’annonçait rien de bon, au contraire. Sebastian, étant né Commun, ne possédait pas le gêne permettant de contrôler l'énergie magique. À moins que Vrol n'inverse le sort et reprenne cette magie, il était condamné. Il en avait entendu parler. Les sorciers de Melerian se débarrassaient des Communs de cette façon, ils les laissaient brûler à petit feu.

« - Je vais mourir... Vous m'assassinez ! Vous avez menti ! Vous aviez dit que si je vous aidais, je serais sous votre protection ! cria Sebastian en se retranchant au fond de sa cage.

- Cesse donc de t'agiter, dit Vrol sur un ton impatient. Cette magie mettra des jours à te consumer. Mais si tu reviens victorieux de ta mission, je te jure d'inverser le processus... ou du moins de le stopper. Je ne peux te garantir que tu n'auras pas de séquelles. En tout cas, si tu désires vivre, tu devras obéir sans discuter, je suis le seul à pouvoir reprendre ce que je t'ai donné.

- Je n'ai pas le choix... Je n'ai pas le choix... murmurait le pauvre pêcheur. »

Il sentait déjà la magie s'insinuer dans toutes les cellules de son corps, sa température augmentait, des gouttes de sueur perlaient sur son front, il tremblait de tous ses membres en tenant sa main blessée. La brûlure dans sa paume était lumineuse mais sa brillance diminuait à mesure que l'énergie passait dans son système, jusqu'à ce que le processus prenne fin, laissant une cicatrice rouge au creux de sa main.

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